Langue des signes

Une langue des signes est une langue gestuelle basée principalement sur les mouvements des mains, mais aussi du corps et de l'expression du visage. Elle permet aux personnes sourdes ou malentendantes, mais également aux entendants, de communiquer entre eux. Il n'y a pas de langue des signes universelle : dans certains États, la langues des signes nationnale est reconnue légalement dans la constitution (par exemple en Finlande depuis 1995). Dans d'autres, elle n'est reconnue que dans le domaine de l'éducation uniquement (par exemple en France, sous la loi n°2005-102 du 11 février 2005 pour « l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées »).

Laurent Valot

La langue des signes française

La langue des signes française (LSF) est la langue signée officiellement reconnue par le ministère de l'éducation pour l'apprentissage des personnes sourdes et malentendantes en France, en parallèle du français écrit/oral. Malgré son interdiction dans l'enseignement par le congrès de Milan en 1880, les sourds ont continué de se la transmettre de génération en génération, et ce pendant plus de cent ans. Ce n'est qu'en 1991 que la LSF reviendra dans l'enseignement grâce à la loi Fabius, favorisant le choix d'une éducation bilingue pour les sourds : la LSF comme langue maternelle et le français écrit/oral comme deuxième langue. La LSF n'est reconnue comme langue à part entière par la Loi française que depuis 2005.

C'est l'abbé Charles-Michel de L'Épée qui établiera la première école pour jeunes sourds à Paris en 1760, réunissant une trentaine d'enfants sourds dans le but de les instruire. Après sa mort en 1789, la loi du 21 et 29 juillet 1791 crée l'Institution des Sourds de naissance (devenue maintenant l'Institut National de Jeunes Sourds (INJS de Paris). L'institut accueille des jeunes sourds de 3 à 20 ans, et propose différents modes de scolarisation en fonction de leur projets.


La grammaire de la LSF

La LSF est une langue à plusieurs dimensions, car elles ne jouent pas seulement des gestes, mais aussi des expressions du visage, du placement du corps et de l'espace environnant. L'ensemble forme une scène dans laquelle le locuteur est acteur de l'histoire qu'il raconte. L'ordre des mots a son importance : on a d'abord le temps, puis le lieu, ensuite le sujet et enfin l’action.

Il n'y a pas de conjugaison en LSF, le signeur utilise ce qu'on appelle la ligne du temps. Celle-ci est perpendiculaire au corps, et fonctionne ainsi : on signe derrière l'épaule pour représenter le passé, au niveau de son corps pour le présent et devant soit pour le futur.

Les expressions du visage permettent de donner du sens à la phrase. Elles nuancent les mots et apportent des détails sur la vitesse de l'action, la taille d'un objet, la quantité, etc. Elles permettent également de distinguer les mots qui peuvent avoir le même signe, mais qui ont un sens différent selon le contexte. Les questions fermées sont signées avec les sourcils froncés, dans l'attente d'une réponse nette, alors que les questions ouvertes avec un haussement des sourcils, pour suggérer l'intérêt. Les expressions du visage permettent également de retranscrire les émotions du locuteur : heureux, triste, en colère, etc.

On peut aussi se servir de l'espace pour créer des marqueurs pronominaux auxquels on peut se référer tout au long du discours. On peut ainsi placer un lieu ou une personne dans l'espace de signation, et le pointer du doigt ou le regarder pour y faire référence dans le discours.

Enfin l'usage d'un alphabet dactylologique reprenant l'alphabet latin sous forme de signes permet d'épeler des noms propres ou des mots ne possédant pas encore de signe en LSF. Il peut également faciliter la communication entre sourds et entendants.